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Pourquoi est-il si important de valoriser vos succès ?
Par Cécile ROSE | Confiance en soi
Il est possible que la simple lecture de ma question vous donne un peu mal à la tête. Il est vrai que dans notre culture, française, la valorisation de nos échecs occupe une place bien plus importante que la valorisation de nos succès.
Eh oui, depuis notre plus tendre enfance, nous avons nourri, pris soin, engraissé nos échecs. Ils ne nous quittent plus et viennent parfois littéralement faire de l’ombre à nos réussites. Pour certains d’entre-nous, rares étaient les applaudissements qui suivaient les performances. Vous n’avez certainement pas oublié ces quelques mots reçus sur les bancs de l’école : « la perfection n’existe pas », « Je ne peux pas mettre 20/20 », « Ce n’est pas grave, tu feras mieux la prochaine fois … » ou encore ceux parfois de vos parents : « A 1 point prêt tu avais 15 », « Ce n’est pas si mal ».
Cette impression d’avoir raté et de devoir recommencer sous prétexte que vous n’en avez pas assez fait n’est pas nouvelle et elle est loin de nous quitter
Autant dire que vous avez cultivé une certaine culture de l’erreur et qu’elle vous suivra probablement pour encore plusieurs décennies. Peut-être vous souvenez-vous vaguement d’une photo de famille avec un enfant sur la troisième place d’un podium et des explications de l’adulte : « Ce n’est pas grave, la prochaine fois c’est la bonne ». Cette tendance à vouloir faire mieux en oubliant ce que l’on a fait tout simplement. Cette impression d’avoir raté et de devoir recommencer sous prétexte que vous n’en avez pas assez fait n’est pas nouvelle et elle est loin de nous quitter, pourtant, elle n’est pas généralisée et tous les pays du monde ne sont pas tous égaux en la matière. En effet, nous pourrions beaucoup apprendre des cultures dans lesquels valoriser les succès est un point de départ.
En reprenant l’exemple du milieu scolaire, on constate qu’en France ou en Belgique, le redoublement existe et est même perçu comme salutaire parfois par les parents et les enseignants. Pourtant, dans d’autre pays, cela pourrait être perçu comme une véritable aberration : « Ainsi, une collègue japonaise, Ayuko SEEDOKA, nous disait que, dans son pays, faire répéter une année à un élève serait considéré comme de la maltraitance à son égard » (Peut-on lutter contre l’échec scolaire, Thierry ROCHER, Marcel CRAHAY, De Boeck, nouvelle édition, 2019). En France, nos échecs servent donc de socle à nos notations et donc notre parcours scolaire puis plus tard notre orientation professionnelle.
dans certains pays la valorisation de l’échec se transforme en véritable success story
La France n’est pas le centre du monde, heureusement pour nous. Si notre culture nous pousse vers l’échec, dans certains pays la valorisation de l’échec se transforme en véritable success story (histoire à succès). Dans les pays anglo-saxons notamment, la culture de l’erreur est normale et même souhaitable. Cette erreur de parcours ne nous définit pas et alimente même notre capacité à rebondir. Ainsi, on comprend mieux l’intérêt de nos amis outre-Atlantique pour Steve Jobs. Aucun souvenir du jeune homme qui arrêta de suivre ses cours universitaires, l’homme qui fut écarté de tout poste décisionnaire d’Apple à une époque et qui a fondé une entreprise dont vous avez peut-être oublié le nom (Next Computers). En revanche, impossible de passer à côté de son action dans la grande maison PIXAR, du redressement d’Apple, alors en faillite, ou encore du lancement d’iTune. Il suffit donc de dépasser nos frontières et nos à priori pour admettre que ce ne sont pas ce que certains qualifient d’erreurs qui nous définissent mais bien nos réussites.
Vivre sur nos échecs, c’est exactement comme vivre dans notre passé. Imaginez que vous mettiez en place un projet au bureau. Accompagné·e de vos collègues, vous avez travaillé en équipe sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Pourtant le résultat n’est pas celui que vous escomptiez. Votre employeur vous reproche personnellement « raté ». Du coup, vous êtes en pleine déprime et n’osez plus rien mettre en place de peur d’être renvoyé·e à votre précédent projet inachevé.
I will tell you that there have been no failures in my life…But there have been no failures. There have been some tremendous lessons (Je vous dirais que je n’ai jamais eu d’échecs dans ma vie… Il n’y a pas eu d’échecs. Il y a eu des leçons épouvantables. Oprah Winfrey).
Vous voici devenu moins créatif(ve), moins spontané·e, moins en tout finalement alors que jusque-là, vous vous sentiez bien à votre poste. Il est temps d’arrêter l’auto-flagellation. Rappelez-vous qu’avant cette expérience, tout allait bien et qu’il est peu probable qu’en une nuit, vous vous soyez transformé·e en une version incapable de vous-même.
- Faites le point avec votre équipe et notez tout ce qui a fonctionné.
- Observez vos parcours respectifs avec beaucoup de bienveillance
- et relancez la machine vous connaissez maintenant les risques et y serez bien plus attentif(ve)
Votre parcours peut parfois vous paraître semé d’embûches, mais ne vous découragez pas, vous avez des projets plein la tête, reprenez là où vous en étiez et foncez.
Votre amour-propre est-il touché au point de ne plus vouloir vous battre pour ce qui vous importe, ce que vous avez à écrire, à construire ? N’oubliez jamais que ce que vous vivez comme une humiliation pourrait vous empêcher de vivre vos moments de gloire. Ce n’est pas une fois, ni deux ni même dix fois que Stephen King a proposé Carrie à l’édition mais bien près de 30 fois avant que son histoire ne soit publiée et lui offre enfin le succès qu’on lui connaît aujourd’hui. Quant à Djimon HOUNSOU, il est repéré alors qu’il vivait dans la rue depuis plusieurs semaines. De Stargate à Gladiator en passant par Les Gardiens de la Galaxie, il n’a jamais cessé de tourner.
Il n’est finalement plus question de parler d’échec ou de succès, raccourcis trop réducteur, mais bien d’étapes de vie, nécessaires à votre évolution personnelle
Plus encore de ne pas vivre dans l’humiliation, il s’agit de valoriser l’échec, d’accepter que ce passage difficile de votre vie favorise l’élaboration et la maturité de vos projets futurs et que vous ne porterez pas cette histoire à vie sur votre visage. Il n’est finalement plus question de parler d’échec ou de succès, raccourcis trop réducteur, mais bien d’étapes de vie, nécessaires à votre évolution personnelle. Pensez-y, chacune de vos erreurs fera de vous une personne plus forte, soyez-en donc fier·e. Il est inutile de cacher ses erreurs au monde, pour qui votre histoire sera alors mise en parallèle avec les notions de persévérance, d’optimisme, d’inspiration.
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